Célébrer une femme et sa vie hors du commun

Le 14 juillet dernier, Au Coup de pouce Centre-Sud organisait le lancement du récit de vie, en six tomes, de Marie-Thérèse Gagnon, une femme hors du commun ayant suivi des cours d’alphabétisation auprès de l’organisme. Pour l’occasion, la poète Marie-Paule Grimaldi a prêté sa voix pour faire vivre les mots de Marie-Thérèse auprès de l’audience regroupée dans la salle du Lionceau, rue Ontario.

Voici le compte-rendu d’une brève entrevue réalisée avec l’artiste suite à sa prestation :

CDC Centre-Sud : En quoi consistait l’événement de ce soir?

Image-livres-Marie-Thérèse-1024x768MPG : Ce soir, c’était une célébration pour souligner le travail de Marie-Thérèse Gagnon, qui a publié six livres. À 82 ans, Marie-Thérèse s’est pointée à l’organisme Au Coup de pouce Centre-Sud pour compléter son alphabétisation parce qu’elle n’avait jamais été à l’école, elle avait appris à lire et à écrire sur le tas et elle voulait apprendre à se servir d’un ordinateur. Deux ans plus tard, elle se mettait à écrire le récit de sa vie, donc elle a écrit le premier tome et il y en a six, finalement, qui sont parus sur une période de cinq ans, de manière auto-éditée.

Je l’ai rencontrée au lancement de son premier livre et j’étais, comme ce soir, lectrice invitée pour passer ses textes au public pendant la célébration. Ce soir, c’est un lancement qui souligne la totalité de son travail, de son engagement envers la communauté, envers elle-même et une histoire étonnante, qui est l’histoire de sa vie et l’histoire de la vie qui la traverse aussi. Ce qu’elle nous raconte, c’est la vie d’une personne qu’on appelle un personnage anonyme, qui n’a pas fait l’histoire d’aucune manière, mais que l’histoire traverse de toutes les façons…

Ses parents arrivent en 1916 en Abitibi, elle est née en 1923 et se fait élever comme un garçon, elle s’habille en garçon – c’était très particulier pour l’époque – parce que son père ne voulait pas de fille et apprend donc à chasser et à construire comme un gars. Elle va avoir 14 enfants en tout dans sa vie, certains qu’elle va devoir placer, d’autres qui sont morts très jeunes… Il y a des choses extrêmement difficiles dans son récit, mais à travers ça elle a toujours choisi la vie, la générosité, la résilience. C’est un femme incroyable! Elle m’a beaucoup marquée quand je l’ai rencontrée pour la première fois, il y a peut-être quatre ou cinq ans de ça, c’est une femme électrisante et inspirante.

CDC Centre-Sud : Qu’est-ce qui t’a accrochée chez elle lorsque tu l’as rencontrée?

MPG : Elle est pétillante, elle porte le feu sacré en elle! Elle fait beaucoup de liens avec les shamans, les Amérindiens. C’est une Québécoise pure laine, mais dans la proximité elle a été très inspirée par les Autochtones et elle fait aussi référence à eux parce qu’elle a une spiritualité très forte. Elle est contre la religion, mais elle aurait voulu être curé parce qu’elle est bien dans une église… C’est donc l’espèce d’étincelle, de feu qu’elle porte en elle et qu’elle communique aux autres.

Crédit photo JMP Photographie cyclothymique
Crédit photo JMP Photographie cyclothymique

CDC Centre-Sud : Est-ce qu’il y a quelque chose qui t’a touchée particulièrement dans ce que tu as lu de son récit ce soir?

MPG : Ce soir, je voulais être une passeuse des mots de Marie-Thérèse et j’essayais de faire mon travail le mieux possible pour qu’on l’entende elle. Il y a des choses qu’elle raconte qui sont très dures, mais tout de suite après elle revient vers du positif, toujours à chercher son bout de lumière même si elle sait, elle le dit, que c’est un être tourmenté, mais qui a toujours choisi d’aller du bon côté… Je pense que ça dit à tout le monde qu’on peut le faire aussi, qu’on peut faire ce choix-là. Elle a presque 93 ans et elle est pétante d’énergie, c’est juste magnifique!

J’ajouterais aussi que l’organisme Au Coup de pouce a fait un travail lui aussi magnifique. Ils ne sont pas subventionnés, ils ne vont pas gagner de points parce qu’ils ont fait ça, c’est juste une femme qu’ils connaissent depuis un peu plus de 10 ans et que l’organisme a décidé de célébrer et c’est très beau. Je pense qu’il faut se tourner vers nos aînés pour les écouter, ils ont beaucoup de choses à nous dire. Des fois on apprend de leurs bons coups, des fois on apprend de leurs erreurs, mais on apprend tout le temps.

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