Le Programme particulier d’urbanisme (PPU) pour le secteur des Faubourgs a été diffusé et propose une vision de la requalification de ce secteur. Rappelons que le PPU des Faubourgs a été élaboré à la suite d’une importante démarche de consultation publique menant à la formulation de 44 recommandations pour orienter ce Programme.

La forte mobilisation du quartier depuis ces quinze dernières années a porté ses fruits, lorsqu’il est mentionné que le PPU a pour vision de « consolider le territoire, pérenniser l’identité sociale, patrimoniale et architecturale du quartier, et favoriser un milieu de vie agréable, durable et respectueux de l’environnement ». L’ambition de bâtir un « quartier digne du 21e siècle » en s’appuyant sur la reconnaissance et le renforcement des caractéristiques urbaines et sociales du territoire est martelée. De plus, le souhait de corriger les grandes ruptures laissées par les opérations de rénovations urbaines et les aménagements autoroutiers des années 1950 à 1980 est fortement présent.

Des intentions à confirmer

Le PPU va donc au-delà des éléments urbanistiques en privilégiant un milieu de vie misant sur la diversité, la mixité sociale, le respect de l’environnement ainsi que du patrimoine et où la mixité des usages domine (commerciaux, habitations, bureaux, places publiques, etc.. ). Ces lignes directrices sont porteuses et répondent aux souhaits d’un avenir inclusif et positif pour la population du secteur des Faubourgs. Notamment, la première vision qui donne le ton : créer des logements sociaux, abordables et familiaux.

Nous saluons cette intention tout en ayant certains questionnements sur comment cette ambition se traduira dans la réalité?

En effet, des éléments restent à préciser pour s’assurer que les stratégies d’intervention répondent adéquatement aux enjeux du secteur, notamment avec l’adoption du Règlement Métropole Mixte, qui viendra baliser les règles du fameux 20 % logement social, 20 % logement abordable et 20 % logement familial dans les nouveaux développements immobiliers.
D’abord, la définition du logement abordable sera importante, car si le prix du marché est abordable pour certains, ce ne l’est pas pour beaucoup de résident.e.s du quartier.
Enfin, pour s’assurer qu’un nombre important de familles s’installent, les logements familiaux doivent principalement prendre la forme de logements sociaux. C’est en effet la seule façon qu’on peut s’assurer que ces grands logements soient réellement habités par des familles. Le nombre d’enfants sera également important puisque deux écoles sont prévues pour le secteur.

Également, de nombreuses stratégies d’interventions sont porteuses pour le milieu et rejoignent la vision portée pour le quartier :

• Mettre en valeur la Station de pompage Craig avec un processus participatif. (page 84)
• Développer le parc Au pied du courant ainsi qu’une promenade linéaire ayant vue sur le fleuve (page 43)
• Développer un accès au fleuve par une passerelle par-dessus les chemins de fer au niveau de la rue de la Visitation. (page 63)
• Appaiser la circulation automobile sur la rue Ontario. (page 37)
• Décloisonner les quartiers aux abords du pont et améliorer la sécurité des piétons, notamment près de l’école Garneau. (page 64)
• Consolider les espaces communautaires dans le Village. (page 33) 
• Prévoir un exercice de vision du développement commercial entre les sites, la rue Ste Catherine et la rue Ontario. (page 34)
• Mener une démarche de concertation pour le bilan de la piétonnisation de Ste-Catherine et la suite. (page 37)

Reconnaissance de l’influence positive des espaces de dialogue et de mobilisation

Ce PPU est la preuve que les démarches de consultation et de dialogue permettent d’influencer positivement l’arrondissement de Ville-Marie afin que les projets immobiliers soient adaptés selon la diversité des besoins de la population. C’est grâce aux espaces de dialogues notamment le Comité d’accompagnement des grands projets du Centre-Sud (CAGPCS) que cette avancée a été notamment possible.

Notons également que c’est une belle reconnaissance de la pertinence des différentes actions collectives menée en collaboration avec la CDC Centre-Sud, la Table de développement social du Centre-Sud et par les partenaires du milieu. Notamment, l’intention de la Ville de soutenir la présence des groupes communautaires LGBTQ+ dans le Village, soulignant le travail de sensibilisation entamée par l’OBNL Espace LGBTQ+. La volonté d’une opération de restauration et de mise en valeur de la station de pompage Craig font écho au travail de mobilisation des ami.e.s de la station de pompage soutenu par la communauté lors d’une Soupe Locale Centre-Sud.

Pour la suite

Étant reconnu par le PPU, le Comité d’accompagnement des grands projets du Centre-Sud (CAGPCS) continuera à jouer son rôle d’espace d’influence et de dialogue multiréseaux pour la mise en œuvre. Innovateur, ce Comité piloté par la CDC Centre-Sud permet de créer des rencontres constructives entre la société civile, les institutions publiques et les développeurs afin de construire un avenir inclusif et positif pour la population existante ainsi qu’en cohérence avec le développement des autres grands sites avoisinants.

Une prochaine rencontre du Comité permettra de vulgariser le document et de partager les mises à jour de l’évolution des projets des promoteurs. Ultimement ce moment est également le moment de faire émerger des enjeux communs en vue de la rédaction des mémoires pour la consultation de l’OCPM. Cette meilleure compréhension collective des enjeux et des impacts permettra d’assurer une plus grande force d’influence sur les projets immobiliers en développement. Toutefois les intentions seront à ajuster selon les contraintes amenées par la situation actuelle avec la COVID-19. Plus d’informations seront communiquées dans les prochaines semaines.

À propos du Comité d’accompagnement des grands projets de Centre-Sud

Initié par la CDC Centre-Sud, en collaboration avec Rayside Labossière, ce comité a pour but d’alimenter les réflexions entre la société civile et les différents promoteurs des terrains privés. Basé sur une dynamique de dialogue, il est composé d’acteur.rice.s engagé.e.s et représentatif.ve.s du quartier.

Concrètement, le comité réunit des acteur.trice.s de la société civile, issu.e.s de divers horizons tels l’habitation, l’environnement, l’employabilité, le développement économique, les communautés LGBTQ+, la santé, etc. Le comité se veut un lieu d’influence qui permet au promoteur d’être en contact avec des acteurs ayant une connaissance fine du quartier, de ses forces et des besoins des populations diverses qui le compose.